Zinédine et Marion |
Auteurs | Bathelot, Lilian (Auteur) |
Edition | Ed. Climats , 1999 |
Collation | 62 p. |
Format | 16 cm |
ISBN | 2841581411 |
Prix | 6,70 EUR |
Langue d'édition | français |
Langue d'origine | français |
Sujets | Roman policierRoman policier Roman enfant Roman policier enfant |
Nombre de réservation(s) actuelle(s) : 0 | |
|
Résumé : Zinedine était inconscient depuis plusieurs minutes, mais sa main droite serrait toujours son vieux skate râpé entre ses doigts crispés. Dans les éclairs bleu électrique du gyrophare, trois hommes en blanc venaient de faire glisser son corps inerte sur le brancard gonflable de l'ambulance du SAMU. Marion réussit à contenir le sanglot qui lui nouait la gorge. Il menaçait d'éclater dans un flot de larmes qu'elle ne pourrait plus retenir, si elle laissait la première s'échapper. En ravalant une grosse gorgée de salive, elle parvint à marcher d'un pas qui lui parut étrangement tranquille vers le brancard. Automatiquement, ses copines l'avaient aidée à se frayer un passage dans la foule des badauds que l'accident avait attroupés. Sur le visage immobile, très pâle, elle crut apercevoir fugitivement un sourire accroché comme un voile léger. Elle ignorait que cette impression venait simplement du relâchement musculaire provoqué par le coma. Ses yeux, d'un bleu très clair -comme l'eau de la piscine-, étaient fermés, et une petite brise d'automne agitait ses boucles blondes de Kabyle. Seule l'une de ces boucles ne bougeait pas. Elle était prisonnière d'une gangue de sang noir qui coulait d'une sale blessure entaillant profondément le front du garçon. Marion caressa la main encore crispée sur le skate. L'autre bras formait un angle bizarre. Il était cassé, et il était facile de comprendre que ce truc pointu qui saillait sous le tee-shirt, au dessous de l'épaule, c'était certainement un os. Fracture ouverte. Un à un, elle dessouda les doigts blanchis collés au grip du skate. Quand elle l'eut saisie, elle retourna un instant la planche entre ses mains, le regard égaré, embrassant des pensées inconnues qui lui semblèrent vastes comme un désert. Puis elle porta délicatement le skate jusqu'à sa bouche pour poser ses lèvres roses sur l'autocollant Skate-attitude de l'an passé. Juste à l'endroit où Zinedine avait l'habitude d'embrasser sa planche avant de tenter une figure difficile. Cet autocollant, c'est Marion qui le lui avait filé, il y a quelques mois déjà. Elle eut encore le temps de laisser courir un instant son doigt sur le front inerte, puis de déposer un baiser léger comme un papillon sur les lèvres blanches. Un infirmier la repoussa alors, à moins que ce ne fût un médecin. Puis la civière fut emportée dans le ventre lumineux de l'ambulance. Le brancard roula silencieusement jusqu'au fond, et déjà une infirmière armée d'un ciseau découpait les vêtements du garçon. Les portières claquèrent. La sirène déchira le murmure des passants commentant avec stupidité l'accident auquel ils ne pouvaient rien comprendre. Finalement, l'ambulance disparut, et la rumeur de la ville digéra à son tour, très vite, les sirènes stridentes.
Connectez-vous pour poster un commentaire