Résumé : Un personnage, un auteur-narrateur qui s'affiche, d'autres personnages qui s'encastrent dans le premier, et l'ensemble tiré par un jeu de ficelles au bonheur du lecteur, entraîné dans et hors les lignes du textes. Drôle de personnage d'ailleurs, que ce faux héros nommé Personne, veilleur de nuit dans un hôtel, décidé à écrire un livre mais dérangé par un double de lui-même, son moi, espiègle, taquin, visionnaire... Moins âpre, moins violent que les précédentes oeuvres de Linda Lê (si l'on songe par exemple à Lettre morte), Personne n'en conserve pas moins les traits de caractère d'un auteur qui joue et se plaît à jouer avec le récit, distribuant rôle et pistes, qui rebondit sur l'aliénation. Personne pourrait avoir des allures de livre sur l'identité. C'est aussi et surtout une formidable métaphore sur la création littéraire, qui voit le narrateur se démultiplier parce qu'en quête de style, d'écriture, de sens. Un narrateur qui hésite, avance, s'en retourne, accumulant les formes (récit et carnets de notes), se fait et se défait, en avertit le lecteur, l'interpelle, avant de trouver peut-être le ton juste, la phrase lisse, le bon sujet. Personne, ou le livre que personne n'aurait écrit. Sinon Linda Lê....